Centre Hospitalier Régional de Saint-Louis

Parlez-nous un peu de votre parcours ?

C’est en 2007 que j’ai obtenu mon baccalauréat d’enseignement secondaire en série S2 au lycée Babacar Cobar Ndao de Kaffrine avec la mention BIEN. Ensuite, j’ai été orienté à la faculté de médecine de Dakar bien que j’avais la possibilité de poursuivre mes études à l’étranger, mais la médecine a toujours été une passion pour moi. J’ai obtenu mon Doctorat d’Etat en 2017. Entre temps, j’ai réussi au concours d’internat de médecine ce qui m’a permis d’entamer ma spécialisation avant même le Doctorat. Je suis également titulaire du DES de dermatologie et vénérologie.

Quelques éléments de la dermato et les maladies y afférant ?

La dermatologie est une spécialité de la médecine qui étudie les maladies de la peau, des muqueuses et des phanères. Ces derniers comprennent les cheveux et les ongles.

Les pathologies les plus fréquemment vues en consultation de dermatologie au CHRSL sont les dermatoses infectieuses et les dermatoses inflammatoires et immuno allergiques. Nous assistons, comme partout ailleurs en Afrique, à une transition épidémiologique des dermatoses avec une émergence des dermatoses immuno allergiques à telle enseigne que l’eczéma est le premier motif de consultation chez nous et dans les autres services de dermatologie du Sénégal.

Que dites-vous de la dépigmentation ?     

La dépigmentation artificielle est un fléau mondial, plus particulièrement en Afrique subsaharienne. Elle consiste à l’utilisation de produits cosmétiques visant à éclaircir la peau. Les femmes noires sont les plus concernées par ce phénomène mais pas exclusivement. Dans toutes les enquêtes réalisées au Sénégal, les prévalences dépassent 50% des femmes. Les produits les plus utilisés sont à base de dermocorticoïdes d’activité très forte ou d’hydroquinone ou de sels de mercure et plus récent encore, des femmes utilisent de plus en plus le glutathion par voie intraveineuse pour se dépigmenter. Ces produits entraînent de nombreuses complications au niveau de la peau et même au niveau du sang. Et récemment, l’actualité a beaucoup concerné les cancers liés à l’utilisation de ces produits dont la mortalité atteint les 100%.

On constate que beaucoup de malades dermato utilisent les médicaments traditionnels.

Selon moi, la médecine traditionnelle doit tout simplement être encadrée. On ne peut pas être contre cette médecine alternative dont l’origine remonte les temps et qui est bien ancré dans nos sociétés. Toutefois, il faut l’encadrer par une législation et une conduite de bonnes pratiques. En cas, à notre niveau, nous recevons beaucoup de cas de complications liées à l’utilisation de plantes traditionnelles et malheureusement et souvent sans aucune traçabilité.

Nous sortons de la journée internationale du LUPUS…Un mot SVP

A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré hier la journée mondiale du lupus. Une tribune que les malades et l’association sénégalaise de lutte contre le lupus ont saisi pour sensibiliser les populations sur cette maladie méconnue mais dangereuse. La célébration de la journée a été également une belle opportunité pour les organisateurs de promouvoir le dépistage précoce pour éviter des complications coûteuses et dommageables pour la santé.

En effet, le lupus est une maladie auto-immune, ce qui signifie que l’organisme produit des anticorps qui détruisent ses propres cellules. Il s’agit d’une maladie systémique qui atteint surtout la peau et les articulations, mais les atteintes les plus graves sont rénales, cardiaques et neurologiques. C’est la plus fréquente des maladies auto-immunes systémiques. Le lupus affecte principalement la femme jeune entre 20 et 40 ans.

Sur la peau africaine, le lupus se manifeste par des taches noires ou parfois rouges localisées sur les zones exposées au soleil avec notamment le visage, les oreilles, la partie supérieure de la poitrine, les bras ou encore le cuir chevelu. Au visage, les taches de lupus prennent un aspect caractéristique appelé « aile de papillon » ou « masque de loup ». Le lupus peut atteindre les articulations et entrainer des douleurs et gonflements. D’autres manifestations peuvent être observées parmi lesquelles on peut citer une fatigue extrême, une perte de poids, une fièvre au long court, des maux de tête chroniques, un gonflement des jambes (œdème), un essoufflement à l’effort, une dépression, des convulsions, etc. Si vous avez un ou plusieurs de ces signes durant plusieurs semaines, il faut consulter un dermatologue, un rhumatologue ou alors un interniste afin qu’il pose le diagnostic précoce et de débuter rapidement un traitement qui permettra d’éviter les complications. Il faudra surtout éviter l’automédication et la phytothérapie qui peuvent aggraver la maladie.

Ensemble, nous devons unir nos forces contre cette maladie invalidante.

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